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      Pourquoi Elon Musk est en guerre avec le Brésil

      news.movim.eu / Numerama · Tuesday, 9 April - 07:29

    Sommé par les autorités brésiliennes de supprimer des comptes sur X, Elon Musk a décidé de s'opposer à la justice au nom de la « liberté d'expression ». Le milliardaire dit qu'il préfère perdre tous ses revenus au Brésil plutôt que de devoir se soumettre à une forme de censure, quelle qu'elle soit. L'issue de cette opposition reste incertaine.

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      Au Brésil, une application permet de signaler les coups de feu comme sur Waze

      news.movim.eu / Numerama · Saturday, 10 February - 16:02

    L'application Onde Tem Tiroteio (Où est-ce que ça tire ?) permet aux habitants de Rio de Janeiro de signaler des zones de violence. Cette initiative collaborative, dans une ville réputée pour ses 10 meurtres en moyenne par jour, est devenue indispensable pour beaucoup. Elle soulève des questions sur l'efficacité et les préjugés dans une ville marquée par la criminalité.

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      Brésil : quel tournant pour le bolsonarisme ?

      The Conversation · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 4 November, 2022 - 03:50 · 8 minutes

    Par Bruno Ronchi et Lucas Camargo Gomes.

    Lula vient de remporter d’une courte tête le second tour de l’élection présidentielle au Brésil face au président sortant, Jair Bolsonaro, à l’issue d’une campagne émaillée de troubles jusqu’au dernier jour .

    Cette campagne extrêmement tendue aura confirmé l’emprise durable du bolsonarisme sur la société brésilienne.

    En effet, malgré la résurgence de l’insécurité alimentaire, les presque 700 000 décès provoqués par la pandémie de Covid-19 et la hausse de la déforestation , Jair Bolsonaro et son gouvernement ont conservé tout au long de son mandat une forte popularité auprès d’une partie importante de la population. Le dernier sondage Datafolha organisé avant le scrutin indiquait que 38 % des Brésiliens considéraient le gouvernement « bon » ou « très bon », tandis que 22 % le jugeaient « moyen » et 39 % « mauvais » ou « très mauvais ».

    Si le débat reste ouvert, les recherches en cours montrent que l’adhésion aux idées bolsonaristes peut s’expliquer par plusieurs facteurs, le premier étant la stratégie de communication du désormais ex-président . Malgré les critiques récurrentes des médias traditionnels à l’égard de Bolsonaro et de son gouvernement, le bolsonarisme parvient à créer un circuit d’informations indépendant, étendu et perméable, notamment sur Internet.

    Envers et contre tous

    Le contenu reproduit par ces moyens de diffusion contribue lui aussi au maintien du bolsonarisme. Malgré ses divergences internes, le discours bolsonariste conçoit le leader et ses partisans comme des soldats dans la lutte contre « le système ». Ce « système » comprend, entre autres, les établissements d’enseignement supérieur, les institutions judiciaires, les ONG nationales et internationales, et même les Nations Unies.

    De ce fait, toute critique émanant de ces institutions et de leurs membres voit sa légitimité remise en cause, ce qui contribue à justifier les difficultés que rencontre le gouvernement dans la mise en œuvre de ses politiques.

    En outre, le discours bolsonariste insiste sur la nécessité de moraliser la société brésilienne . Cette moralisation ravive la mémoire des scandales de corruption qui ont éclaté durant les gouvernements du Parti des travailleurs et exalte les valeurs traditionnelles – comme en témoigne le slogan bolsonariste souvent répété, « Dieu, patrie et famille ». Dans ce contexte, l’utilisation de symboles nationaux et religieux renforce l’effet de moralisation, éveillant des sentiments tels que la peur et la haine.

    De surcroît, il est important de souligner le soutien économique et moral apporté à Bolsonaro par certains secteurs, comme une partie des Églises évangéliques (en particulier pentecôtistes), de l’agrobusiness, du monde de l’entreprise, de la police et de l’armée.

    Une représentation restreinte du peuple

    L’enracinement du bolsonarisme dans la société brésilienne passe dans une large mesure par la construction d’une certaine représentation du peuple. Reposant sur la figure du « bon citoyen », le peuple que Bolsonaro et son camp entendent représenter se construit avant tout par opposition aux représentations faites de l’ennemi commun bolsonariste, incarné par la gauche.

    Dans une perspective de lutte du bien contre le mal, les autres sont ici les « vagabonds », qu’ils soient intérieurs – tous ceux qui menaceraient l’intégrité des Brésiliens et de leurs familles – ou extérieurs – en ce sens, les nombreuses comparaisons avec les pays d’Amérique latine gouvernés par des partis de gauche servent à mettre en garde contre leur retour au pouvoir.

    Dans ce contexte, Lula apparaît comme la personnification de cette contre-image, soudant le « nous » bolsonariste autour d’un rejet profond. On lui attribue notamment la volonté de détruire les familles brésiliennes – sur fond de lutte contre « l’idéologie du genre », associée à la « sexualisation des enfants » – et de persécuter les chrétiens, au risque de voir leurs temples fermés – en invoquant l’exemple du Nicaragua .

    Panique morale autour de Lula

    On fustige également les politiques de lutte contre la pauvreté mises en œuvre par le Parti des Travailleurs en y voyant une forme de manipulation électorale – même si Bolsonaro cherche à mettre en avant sa propre « générosité » à l’égard des bénéficiaires de ces mêmes politiques. De plus, on présente Lula comme le candidat  du « système », soutenu à la fois par les grands médias et par les institutions chargées de réguler les élections – en particulier le tribunal suprême fédéral , représenté dans la personne de son président, le ministre Alexandre de Moraes.

    Avec la panique morale créée autour du camp Lula, se développe l’idée que le Brésil est spirituellement malade, car dominé par des forces maléfiques. Bolsonaro apparaît alors comme le seul à pouvoir lutter contre ces forces et à « guérir » le Brésil en le débarrassant d’un système profondément corrompu.

    Ce discours sous-tend une forme de rapprochement avec les électeurs, marquée par la mise en valeur de l’authenticité et de la simplicité comme des qualités intrinsèques du leader et du peuple qu’il entend représenter. L’emploi de termes vulgaires, la revendication du sens commun contre un certain intellectualisme perçu comme élitiste, ou encore son style vestimentaire traduisent une représentation quelque peu caricaturale du « citoyen ordinaire ».

    Le poids de l’électorat populaire

    D’après les derniers sondages (Datafolha, 28 octobre 2022), les électeurs dont le revenu familial est inférieur ou égal à deux smic brésiliens (environ 460 euros) ont tendance à voter pour Lula (61 % Lula, 33 % Bolsonaro). Cet écart se reproduit dans la plupart des strates où les classes populaires sont majoritaires, comme parmi les électeurs qui se déclarent noirs (60 % contre 34 %), les moins diplômés (60 % contre 34 %) et ceux qui habitent dans la région du Nord-Est, la plus pauvre du Brésil (67 % contre 28 %). Malgré cela, dans un pays où 48 % des électeurs ont un revenu familial inférieur ou égal à deux smic, le soutien de l’électorat populaire reste fondamental pour le maintien du potentiel électoral de Bolsonaro.

    Ce potentiel peut s’expliquer en partie par l’appui dont il bénéficie auprès des évangéliques . Pour autant, le camp évangélique, qui en 2018 était fortement favorable à Bolsonaro (près de 70 % des voix), est devenu aujourd’hui un camp disputé , comme le souligne Esther Solano. Cette professeure de relations internationales à l’Université fédérale de São Paulo observe que certains fidèles manifestent leur insatisfaction quant à l’instrumentalisation de leur religion à des fins politiques et note l’existence de ce qu’elle appelle le « pentecôtisme oscillant » entre Lula et Bolsonaro. Selon la chercheuse, une partie des fidèles des Églises pentecôtistes regrettent d’avoir soutenu Bolsonaro, soit en raison du manque de prise en charge de la population pendant la pandémie, soit en raison de leur désespoir économique.

    Outre les questions religieuses, le discours bolsonariste paraît trouver une certaine résonance dans la révolte des classes populaires face à la criminalité – plus intense dans la périphérie des grandes villes et dans les zones rurales. Face à cette colère, la réponse est une proposition répressive, que ce soit par la police ou par les citoyens – devenant alors libres de porter des armes à feu.

    De plus, le discours bolsonariste met en valeur l’importance de la corruption comme clé explicative de tous les problèmes. Cela contribue à la construction d’une image de l’État en tant qu’obstacle à l’épanouissement individuel et collectif – raison pour laquelle, de ce point de vue, les fonctions publiques devraient être confiées au secteur privé, affirmait Paulo Guedes, le ministre de l’Économie de Bolsonaro.

    Les effets à long terme

    Au vu de l’enracinement bolsonariste dans la société brésilienne, il est important d’envisager les effets à court et à long terme qu’il a produits sur cette jeune démocratie. Les attaques incessantes dirigées vers les autres pouvoirs, en particulier la Cour suprême, accentuent la méfiance à l’égard des institutions dont la mission est de sauvegarder l’État de droit. Ancré dans la Constitution de 1988, dont la promulgation scelle la fin de la dictature militaire, ce cadre institutionnel affichait des signes de corrosion bien avant l’arrivée de Bolsonaro au pouvoir.

    Face à la succession de crises et de reconfigurations survenues depuis la dernière décennie, marquée par la destitution de Dilma Rousseff en 2016, ainsi que par de nombreux scandales de corruption, le mécontentement généralisé devient de plus en plus palpable. Le bolsonarisme apparaît alors comme l’expression de l’antipolitique , partant de l’idée que tous ceux qui se soumettent au système sont corrompus. Une construction non dépourvue de contradictions – étant donné la longue trajectoire de l’ancien capitaine en tant que député, et surtout le fait que lui aussi est amené à faire alliance avec de vieilles forces politiques pour se maintenir au pouvoir –, mais très puissante dans une société traversée par des scandales et un certain discours moralisateur.

    Les scénarios qui se dessinent pour l’avenir de la démocratie brésilienne ne laissent pas entrevoir un « retour à la normalité démocratique » facile à opérer. Le phénomène observé actuellement se caractérise bien davantage par la déstructuration d’un cadre institutionnel historiquement situé qui montrait déjà ses limites.

    Même si la victoire de Lula était acceptée par Bolsonaro et ses partisans, il faudrait un travail de fond du nouveau gouvernement pour se réadapter aux nouvelles méthodes d’action politique, face à une opposition bolsonariste qui sera sans doute féroce et déterminée à revenir au pouvoir au plus vite.

    Bruno Ronchi , Doctorant en science politique, Université de Rennes 1 et Lucas Camargo Gomes , Doctorant en sociologie, Université Federal du Paraná, Universidade Federal do Paraná (Brazil)

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons . Lire l’ article original .

    The Conversation

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      La fracture existentielle qui sépare le Brésil en deux

      Michel Faure · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 1 November, 2022 - 04:20 · 4 minutes

    Luíz Inácio Lula da Silva, élu de justesse (50,9 % des voix) le 30 octobre 2022, va présider deux Brésil irréconciliables : le sien et celui de Jair Bolsonaro, son adversaire et mauvais perdant (49,1 % des voix).

    Le premier promet l’illusion d’un retour au passé, celui d’un socialisme tropical assez inopérant, dépensier et solidaire avec des dictatures locales comme Cuba ou le Vénézuéla , mais aussi plus lointaines, avec la Russie et la Chine, cette dernière étant devenue son premier et encombrant partenaire commercial depuis 2009. Un passé par ailleurs révolu, alors que le présent annonce une récession mondiale, et pas très glorieux aussi pour avoir été entaché par la corruption et l’inaptitude à investir à long terme dans les infrastructures, l’industrialisation, les écoles et la santé.

    Le pays bénéficiait pourtant alors du boom des matières premières et des échanges commerciaux, et Lula en a profité pour subventionner les pauvres, ce qui suggère une empathie envers ces derniers – lui-même eut une enfance misérable -, mais aussi un clientélisme bien brésilien. Les pauvres sont les plus nombreux, et ils votent. Lula dit vouloir créer des emplois pour relancer l’économie. Mais avec quel argent ?

    Il exprime également son désir de préserver ce qui reste de l’Amazonie, mais en a-t-il les moyens ? Jadis farouche adversaire du projet de Washington d’une zone de libre commerce des Amériques, il va sans doute tenter de revitaliser sa diplomatie Sud-Sud et chercher à dominer l’arc de la gauche latino américaine, désormais articulé autour de Cuba, du Mexique, du Nicaragua, du Vénézuela, de la Colombie, du Pérou, de l’ Argentine et du Chili .

    Lula va également relancer les BRICS, une association dont l’intérêt reste à prouver. Brésil et Inde se retrouvent ainsi liés à une dictature communiste , la Chine, à une Russie soviétisée et belliqueuse, enfin à l’Afrique du Sud, démocratie à la probité problématique.

    Durant sa présidence, Jair Bolsonaro , ancien militaire et député obscur, ne s’est pas révélé un grand champion de la démocratie, et n’a pas non plus inventé l’eau tiède. Comme Lula, il fait référence au passé, mais un passé radicalement différent quand il chante les louanges d’une longue dictature militaire (1964-1985) au bilan économique calamiteux qui laissa à la démocratie renaissante une inflation à trois chiffres et un bilan humain désolant.

    Bolsonaro, traditionaliste radical, fervent évangéliste hostile à l’avortement, se présente comme le défenseur de la famille et de la liberté. Il a fait campagne en 2017 sur un programme économique très libéral, avec aux manettes un vieux banquier « Chicago Boy », Paulo Guedes, qui promit de déréguler  l’économie, privatiser des entreprises publiques, instaurer une flat tax et une réforme des retraites, alors extraordinairement inégalitaires. C’est finalement la seule réforme qui sera accomplie. La pandémie de la covid – que Bolsonaro traite de grippette pour ne pas entraver l’économie – met la politique entre parenthèses et frappe le Brésil, causant la mort de 600 000 personnes.

    À l’heure où sont écrites ces lignes, Bolsonaro n’a pas encore accepté sa défaite et reste silencieux. Dans un pays de 215 millions d’habitants, seuls deux millions de voix lui ont manqué. Il a perdu, mais avec un score honorable. Le sera-t-il, lui aussi ? Ou va-t-il refuser sa défaite et menacer le pays d’un coup d’état militaire dont on peut espérer qu’il n’aura pas lieu, mais qui doit inquiéter.

    La fracture du Brésil

    Le Brésil est cassé en deux, non pas entre les riches et les pauvres, ni entre les blancs et les autres, ou le sud contre le nord. La fracture est existentielle.

    Les partisans de Bolsonaro, parmi lesquels se trouvent de nombreux déçus de Lula, veulent la sécurité, la défense de leurs droits, voient la famille comme le réseau essentiel de la vie et du bonheur. Ils croient à la liberté d’entreprendre et à la défense de la propriété. Beaucoup sont croyants, et parmi eux, nombreux sont évangélistes. Tout cela ressemble à une classe moyenne conservatrice, mais en réalité elle se sent fragile, craint de tomber dans la pauvreté, laquelle est une réalité, et souvent un souvenir familial. Son inquiétude la conduit à chercher une autorité qui prône la main ferme et la foi en Dieu. De telles caractéristiques forment un Brésil idéal. Un Brésil d’extrême droite ? Je le vois plutôt conservateur.

    Les fidèles de Lula ont eux aussi une vision essentialiste de la gauche. Ils se souviennent de la générosité des subsides de Lula, de son charisme d’ancien ouvrier champion des pauvres et des démunis.L’emprisonnement de Lula pour corruption ne fut pas pour eux la justice rendue, mais un piège tendu par la droite. Dès lors, Bolsonaro est vu comme un militariste obtus, un personnage détestable et dangereux, ami de l’agro-business prêt à dévorer la forêt amazonienne .

    On voit mal ces « deux Brésil »  se réconcilier un jour alors que chacun d’eux incarne un pays singulier. Le rapport de force est équilibré, ce qui risque d’attiser des affrontements. Bolsonaro bénéficie de la majorité au Congrès et du soutien de nombreux gouverneurs de région. Lula a le peuple avec lui, lequel se voit, lui aussi, en incarnation d’un Brésil idéal.

    La désillusion, d’un côté comme de l’autre, est pour bientôt.

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      Les limites et les erreurs de la gauche brésilienne

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Saturday, 29 October, 2022 - 17:36 · 14 minutes

    Les résultats du premier tour au Brésil ont été accueillis avec surprise. Bien que Lula soit en tête, le scrutin apparait davantage comme une victoire des bolsonaristes , qui ont obtenu les meilleurs scores au Parlement, aux élections des gouvernements locaux, et élargi leur base électorale de près de 2 millions de voies par rapport à 2018. À la veille du second tour, le philosophe brésilien Vladimir Safatle livre une réflexion acerbe sur les limites de la gauche brésilienne, mais aussi sur les leviers possibles de sa vraie renaissance. [1]

    Pour comprendre ce premier tour, il faut d’abord souligner que même au pire moment de la pandémie, le taux de popularité de Jair Bolsonaro n’est jamais tombé au-dessous de 30%, il dispose donc d’un électorat organique demeuré large et fort. Ces 30% ne peuvent être uniquement la classe moyenne brésilienne – il n’y a pas 30% de classe moyenne au Brésil –, c’est donc aussi un électorat populaire. (Note de la rédaction : Si Lula atteint 50% chez l’électorat le plus pauvre, près d’un tiers s’est exprimé en faveur de Bolsonaro au premier tour.)

    Par ailleurs, malgré son bilan négatif, Bolsonaro s’est mis dans une posture permanente de « gouvernement contre l’État », accusant les entraves que lui imposaient les juges, le Parlement, les gouverneurs, etc., et a donc su conserver un capital de transformation : le pouvoir de la promesse. En face, la gauche brésilienne est incapable de projeter la figure d’une autre société et Bolsonaro apparaît comme le seul discours de rupture nationale. Le Parti des travailleurs (PT) a souffert des scandales de corruption. Là où il aurait peut-être fallu reconnaître ses torts et assumer une posture de rédemption, le PT a réagi sur la défensive pendant la campagne. Un candidat qui reconnaît ses torts est mieux que quelqu’un qui tente de les dissimuler. Bolsonaro a été capable d’évacuer ce poids car malgré plusieurs procédures judiciaires ouvertes, il ne compte aucune condamnation. Par ailleurs, pour Bolsonaro et ses partisans, le mot corruption a pris un autre sens : c’est la continuité, le « business as usual ». Mais je crois que cette question de la corruption en cache une autre. Elle reflète une méfiance de certains secteurs de la population brésilienne envers la capacité de la gauche à gouverner. D’un point de vue électoral la gauche s’est démontrée faible : Lula est allé en prison, les acquis ont été perdus. Aujourd’hui, Lula s’affiche en position de faiblesse en soutenant une alliance large avec des secteurs traditionnellement ennemis du PT. Paradoxalement, la vraie position de force dans cette élection c’est Bolsonaro, qui peut dire « Moi je suis seul contre tous. »

    En cela, Bolsonaro a su jouer sur une ambivalence entre omnipotence et impotence, constitutive de ce genre de leader, qui sont toujours des sauveurs menottés. Theodor Adorno, dans un texte très important sur les leaders fascistes, parle de « little big man » – petit grand homme – c’est-à-dire un équilibre entre pouvoir et faiblesse, susceptible de produire une identification narcissique. Non pas l’identification à un idéal comme on pourrait penser les représentations classiques du pouvoir. Bolsonaro n’incarne pas un idéal, mais il semble être quelqu’un comme nous , partageant nos faiblesses, nos rages, nos difficultés, qu’il combine à l’idée que le collectif vaincra : « Je suis seul contre tous, paralysé, mais nous, ensemble, nous pouvons être fort. »

    GAGNER AVEC UNE DROITE DÉFAITE ?

    Une erreur de la campagne de Lula a été de tout dépolitiser en mobilisant, pour s’opposer à Bolsonaro, une lutte immémoriale de la civilisation contre la barbarie. D’abord, c’est un discours vide de sens, qu’est-ce que la civilisation sur le continent américain ? Cela fait écho au processus civilisateur colonial d’une violence extrême contre les peuples indigènes, c’est une figure de la barbarie. La gauche aurait dû ne pas perdre son temps sur ce rationalisme moralisateur, et l’utiliser pour renforcer le débat autour des politiques sociales et économiques par exemple la réforme des retraites, des impôts ou du droit du travail. Ces thèmes ont été balancés d’une façon presque irresponsable : « On pense faire marche arrière sur la réforme du travail » dit le PT . D’accord, mais quoi exactement ? « On pense à une réforme fiscale », très bien mais sous quelle forme ? Il n’y a rien de concret, or un programme clair aurait pu être établi. Par exemple, la Constitution brésilienne prévoit un impôt sur les grandes fortunes. La Constitution a été promulguée il y a plus de trente ans et cet impôt n’a jamais été mis en place. Autre chose : le Brésil, avec l’Estonie, est le seul pays au monde dans lequel il n’y a pas d’impôt sur les dividendes. On aurait pu défendre cette fiscalisation pour une financer l’extension du système éducatif, ou de santé. Mais rien n’a été proposé. Pourquoi ? La gauche est dans une alliance dont une partie a grand intérêt à préserver cette situation.

    Lula a persévéré dans une stratégie de conciliation, en ralliant à lui les secteurs de droite lésés par Bolsonaro. Ce dernier compte sur le soutien de l’agrobusiness, qui est aujourd’hui le cœur de l’économie brésilienne. Il compte aussi sur l’appui du secteur commerçant et de l’élite financière. Lula peut compter sur quelques soutiens mais ce sont des secteurs qui ont été écartés de l’organisation hégémonique de l’économie brésilienne. Le pays est en pleine transition : le Brésil est en train de se désindustrialiser pour revenir à sa position de grand exportateur de matières premières. C’est l’élite qui porte cette transformation qui supporte Bolsonaro.

    Dans ce contexte il y a un secteur économique, parce qu’il est devenu secondaire, qui accepte Lula. Cette élite était traditionnellement structurée autour du Parti de la social-démocratie brésilienne ( NDRL : parti de droite conservatrice dont vient le vice-président choisi par Lula en cas de victoire, Geraldo Alckmin ). Au vu des dernières élections, ce parti est amené à disparaître. Ainsi, la vraie division au Brésil se joue entre l’extrême droite populaire et la droite oligarchique traditionnelle. Cette droite n’aime pas Bolsonaro parce qu’il a constitué un nouveau réseau de pouvoir dont elle a été exclue. C’est une élite qui voit d’un mauvais œil l’avènement d’une extrême droite populaire associée au lumpenprolétariat et se sent menacée par la constitution d’une nouvelle classe dirigeante qu’incarnent bien les députés et sénateurs de Jair Bolsonaro. Cela explique ses alliances avec Lula. Mais cette droite est-elle forte électoralement ? Rien n’est moins sûr… c’est une élite en chute.

    REDEVENIR UNE FORCE DE PROPOSITION POLITIQUE

    Structurellement, le système politique brésilien hérité de la Constitution de 1988 est caractérisé par la nécessité de former des alliances pour pouvoir gouverner. Ainsi, lors des premiers gouvernements du PT, la gauche avait certes dû modérer son agenda, mais elle restait une force de proposition politique : par exemple entre 2003 et 2012, le gouvernement créa quatorze universités, une expansion considérable du système éducatif. Après 2013 s’est produit un changement dramatique, lors duquel la gauche a perdu sa capacité à former l’agenda politique du pays. (NDLR : En 2014 la chute du cours des matières premières plonge le pays dans la crise mais les premiers signes de récession et d’inflation étaient déjà visibles en 2013.)

    En 2013, lorsque les limites du système brésilien sont apparues, la gauche n’a pas su passer à la deuxième étape de ses politiques. Elle n’a pas su, non pas à cause d’un manque de réflexion, mais parce qu’elle ne pouvait pas. Passer cette deuxième étape signifiait renforcer des antagonismes sociaux assez fort. Par exemple, la première décennie du XXI e siècle a vu opérer une forte dynamique d’ascension sociale au Brésil : 34 millions de personnes sortent de la pauvreté pour atteindre la classe moyenne. Cette nouvelle classe moyenne formule de nouvelles demandes : ce sont des gens dont les enfants allaient à l’école publique, et qui se tournent vers l’école privée, la même chose se produit avec la santé. Ces nouveaux besoins et nouvelles dépenses ont érodé ce qu’ils avaient gagné. Un deuxième moment politique aurait été la construction d’un système éducatif et de santé totalement public. Il aurait fallu des investissements que l’État ne pouvait pas faire. Cela demandait au moins une politique social-démocrate classique d’imposition des classes aisées mais ça n’est jamais arrivé à cause de l’impératif de conciliation. Électoralement, le gouvernement ne pouvait pas se permettre d’augmenter les impôts. Ainsi au Brésil, le taux d’imposition maximum est toujours de 27,5%.

    Cela a produit une situation de frustration assez forte. Pourquoi ? Vous êtes un Brésilien en 2012, vous entendez partout que le Brésil est la nouvelle puissance internationale, qu’en 2022 le pays sera la 5 e économie mondiale, ce sont des rapports de la Banque mondiale qui le disent. Et tout d’un coup vous vous apercevez que non, ça ne va pas se passer comme ça. Cette promesse d’enrichissement n’est jamais atteinte. Cela produit quelque chose que Tocqueville appelait la « frustration relative » : les révolutions ne sont pas menées par les plus pauvres mais par ces gens qui entament une ascension, et qui perçoivent finalement que l’attente ne pourra pas se matérialiser. Lorsqu’une société commence à rêver, c’est le moment le plus risqué. Si les gens commencent à croire au futur, il faut y aller jusqu’au bout, même si on perd. Lorsqu’on y va avec un objectif, il est possible revenir après la défaite. La gauche n’est pas allée jusqu’au bout.

    L’extrême droite est alors apparue comme le discours de la rupture institutionnelle en condamnant un système d’alliance paralysant. C’est aussi un projet ultra-néolibéral : « Pourquoi attendre quelque chose de l’État, qui n’a jamais rien donné à personne ? », ce qui n’est pas totalement faux. Si d’un côté l’État brésilien a été capable de produire d’importantes politiques sociales, de l’autre côté, c’est un État de violence généralisé contre les plus pauvres. L’extrême droite vend la liberté du « chacun pour soi », présentée comme un acquis commun et global. C’est un narratif cohérent. La politique d’allocation d’urgence Auxilio Emergencial pendant la pandémie – allocations les plus élevées jamais versées au Brésil – trouve sa place dans ce discours : refus des macrostructures de protection sociales au profit d’un versement d’argent direct, ponctuel et individuel. Ce narratif se nourrit de nos défaites idéologiques [nous, la gauche]. La gauche a perdu sa grammaire politique. Cette adhésion au « chacun pour soi » est montée dans un moment où la gauche parlait elle-même d’« entreprenariat social ».

    Autre exemple. Au début de la pandémie, pour s’opposer au vaccin, Bolsonaro revendiquait « Mon corps, mon choix », reprenant ici un slogan du féminisme. Mais c’est en cohérence avec son projet politique. En revanche, cela montre une contradiction immanente à notre propre position. Si la liberté c’est ça, alors pourquoi aurait-il tort ? Cela devrait nous montrer que notre conception de la liberté est totalement erronée. Si cette liberté peut être détournée par l’extrême droite, c’est qu’il y a un problème dans cette acception, voyant la liberté individuelle comme l’élément fondamental d’une société. Un corps, mon corps, ne m’appartiens pas dans un vide, mais est toujours en relation. Comme le disent les structuralistes, les relations viennent avant les éléments. D’abord vient le corps en relation et après le corps individuel. Cette dimension relationnelle demande une conception politique propre. Ce discours pointant la centralité de la totalité sociale a disparu. L’extrême droite a saisie l’occasion.

    « LA GAUCHE SE TAIT SUR LA QUESTION DE CLASSE »

    La stratégie de l’extrême droite efface le clivage avec l’élite économique, pour en construire un contre l’élite culturelle. Qui est l’élite culturelle ? Nous, les universitaires. Cette obsession de l’extrême droite aura au moins montré que l’idée selon laquelle les universitaires restent dans leur tour d’ivoire, déconnectés de la cité, est complètement fausse. S’ils dérangent, c’est que les discours du monde universitaire portent. Ensuite, l’extrême droite nous accuse de vouloir détruire les « valeurs » du pays. Oui, il est vrai que nous critiquons sa conception de la famille, de la sexualité, etc., afin d’ouvrir un espace pour que de nouvelles choses apparaissent. Mais la question est la suivante : pourquoi, à partir de nos positions, n’arrive-t-on pas à former une alliance plus générale avec la population ?

    Je crois que c’est parce que notre position n’est que partielle. Nous oublions une chose qui je pense est central. Nous sommes dans une situation où le capitalisme de l’État-providence et ses promesses inclusives n’existent plus. En lieu et place se trouve un capitalisme qui prône la loi de la survie, du chacun pour soi. Il faut donc accepter les angoisses que créent le basculement des hiérarchies et normes sociales prônée par la gauche, chez un homme pauvre blanc chauffeur Uber qui travaille 12 heures par jour sans aucun droit social. C’est absolument rationnel. Parce qu’il n’y a de deuxième discours de gauche, pour dire qu’il n’est pas question de la destruction morale de certains secteurs de la population, mais de l’intégration de tous. Si l’on portait également un discours global en termes de droit du travail et de lutte contre la pauvreté alors on aurait un vrai projet. Le problème c’est que l’on n’a plus cette deuxième partie. L’extrême droite profite de cela, de la peur de l’homme blanc pauvre. On le voit dans les résultats du premier tour : près de 60% des femmes ont voté Lula, le chiffre tombe à 43% pour les hommes. Cela dit une chose importante sur la limitation des discours de la gauche.

    Les demandes d’inclusion des minorités sont absolument justifiées et sont centrales dans une société égalitaire, mais d’autres revendications doivent s’y joindre. La gauche avait historiquement un registre supplémentaire, celui de la lutte des classes. Il ne s’agit pas d’opposer lutte des classes et lutte pour la reconnaissance des minorités, car elle ne forme qu’une seule lutte, mais aujourd’hui, la gauche se tait sur la question de classe.

    QUEL AVENIR POUR LE PAYS ? LE BRÉSIL AU CRÉPUSCULE

    On connaît le coup d’État classique, avec ses militaires et ses chars dans la rue, mais il y a d’autres genres de coup d’État. Il y a ce que l’on nomme aujourd’hui en sciences politique, l’« autoritarisme furtif » : un processus lent et graduel de décomposition de l’ordre institutionnel. On a vu cela en Pologne et en Hongrie. Orbán a gagné les élections mais il y a eu un lent processus de destruction des structures institutionnelles qui permettaient la démocratie libérale. Cette érosion s’inscrit sur la durée. Si Bolsonaro gagne, alors je dirai « c’est maintenant que tout commence », le premier mandat était seulement une grande répétition générale. S’il advient, le deuxième mandat sera celui d’un tournant autoritaire, la Turquie en a fourni un cas exemplaire.

    En cas de victoire de Lula, avec un Parlement à majorité conservatrice, gouverner sera difficile. Les alliances avec la droite seront possibles mais paralysantes. Il sera impossible de mettre en œuvre les politiques nécessaires pour empêcher le conflit social à venir face à l’appauvrissement de la société brésilienne. L’extrême droite ne fera pas qu’attendre la chute du gouvernement. Par deux fois pendant le mandat Bolsonaro, le coup d’État a été dans l’horizon [1]. S’ils ne gagnent pas, ils s’affaireront à détruire le gouvernement, avec une force politique et institutionnelle qu’ils n’avaient jamais eue auparavant.

    Notes :

    [1] Article publié sur la base d’un entretien avec Keïsha Corantin.

    [2] En mai 2020, la presse, plus tard confirmée par une enquête judiciaire, a révélé que Jair Bolsonaro et plusieurs généraux s’étaient accordés sur une intervention militaire contre les juges du Tribunal suprême fédéral, une intervention ensuite écartée parce que jugée inopportune. Le 7 septembre 2021, jour de l’indépendance nationale, Bolsonaro avait appelé ses partisans à un « contre-coup d’État », pour protester contre les enquêtes et critiques dont il était la cible. De nombreux militaires et policiers s’étaient alors rassemblés à Brasilia pour soutenir le président, finalement sans coup de force.

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      Grâce à cette "cake designer", tout devient comestible

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 18 July, 2022 - 14:59 · 1 minute

    INSOLITE - Vous n’auriez jamais l’idée de manger votre brosse à dents ou de croquer dans votre mur, et pourtant, avec Vivi Gusciora, c’est possible. Grâce à ses gâteaux trompe-l’œil , la jeune brésilienne rend notre environnement quotidien comestible, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus .

    Née dans une ferme dans les terres du Brésil , Vivi s’est lancée dans des études de psychologie après son baccalauréat. Mais, malgré l’obtention de son diplôme, sa passion pour la pâtisserie la rattrape. “Elle a décidé de s’y consacrer pleinement et est devenue cake designer”, explique Ronan, son agent et mari, au HuffPost . Voyant le succès de ses gâteaux, elle décide de se lancer sur les réseaux sociaux en publiant des créations toujours plus originales. ”Ça a été un vrai succès puisqu’en moins d’un an, elle a récolté plus de 5 millions d’abonnés”, précise-t-il.

    Aujourd’hui Vivi travaille à plein temps sur les réseaux sociaux et continue de surprendre les internautes avec des gâteaux qui n’ont pas l’air d’en être.

    @vivicakedesigner

    Respostando um compilado meu que está rodando a gringa. #repost #compilado #cakeorfake

    ♬ som original - Vinícius Meira

    À voir également sur Le HuffPost: En pleine canicule, la salade “cowboy caviar”, recette traditionnelle texane, saura vous rafraîchir

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      Brésil: le journaliste Philipps et l'expert Pereria tués par arme à feu

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 19 June, 2022 - 05:30 · 2 minutes

    Un suspect reconnaît l'assassinat de Dom Phillips et Bruno Pereira en Amazonie (photo du 13 juin 2022) Un suspect reconnaît l'assassinat de Dom Phillips et Bruno Pereira en Amazonie (photo du 13 juin 2022)

    FAIT DIVERS - La police brésilienne a confirmé samedi la mort de l’expert indigène Bruno Pereira , dont les restes ont été retrouvés dans une zone isolée de l’Amazonie avec ceux du journaliste britannique Dom Phillips qui l’accompagnait, et que les deux hommes avaient été tués par “arme à feu”.

    Les restes de Pereira “font partie de ceux” retrouvés par les enquêteurs, a annoncé la police fédérale brésilienne (PF) dans un communiqué. Vendredi, elle avait indiqué que de premiers restes humains découverts sur indication d’un suspect étaient ceux de Dom Phillips.

    Pereira a été atteint par trois tirs, dont un à la tête, et Phillips par une balle au thorax, a-t-elle ajouté samedi. Phillips, 57 ans, collaborateur de longue date du journal The Guardian , et Pereira, 41 ans, expert reconnu des peuples indigènes, étaient en Amazonie dans le cadre d’un livre sur la préservation de l’environnement.

    À la recherche d’un quatrième suspect

    Ils ont été vus pour la dernière fois le 5 juin, alors qu’ils prenaient un bateau vers Atalaia do Norte (nord-ouest), dans la Vallée de Javari, zone réputée dangereuse où se déploient de multiples trafics de drogue, de pêche ou d’orpaillage illégal.

    Un troisième suspect de ces meurtres s’est rendu samedi matin au poste de police d’Atalaia do Norte, dans l’État d’Amazonas (ouest), a également annoncé la PF. L’homme, Jeferson da Silva Lima, est connu sous le nom de “Pelado da Dinha” et pour être “un hors-la-loi”, a-t-elle ajouté.

    D’après toutes les preuves et témoignages recueillis, “Pelado da Dinha était sur la scène du crime et a participé activement au double homicide”, a déclaré le commissaire de police Alex Perez Timóteo au site d’information G1.

    Un premier suspect avait été arrêté dès le 7 juin: Amarildo da Costa de Oliveira, un pêcheur également âgé de 41 ans, surnommé “Pelado”, qui a reconnu mardi avoir enterré les corps. Un deuxième suspect, Oseney da Costa de Oliveira, dit “Dos Santos”, a été interpellé mardi. Selon les médias locaux, la police est à la recherche d’un quatrième suspect, une information qui n’a pas été officiellement confirmée.

    Ce double meurtre a provoqué une vague d’indignation dans le monde, avec de vives critiques envers le président d’extrême droite Jair Bolsonaro accusé de favoriser la déforestation et d’encourager l’exploitation des ressources en Amazonie depuis son arrivée au pouvoir en 2019.

    À voir également sur Le HuffPost: Brésil: une chute impressionnante de rochers dans le lac Furnas fait au moins 7 morts

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      Disparition de Dom Phillips et Bruno Pereira au Brésil: la découverte de restes humains ravive les inquiétudes

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 13 June, 2022 - 15:46 · 5 minutes

    Le 9 juin, des employés de la Fondation nationale indigène ont protesté contre la disparition du journaliste britannique Dom Phillips et du spécialiste brésilien des affaires indigènes Bruno Pereira. Le 9 juin, des employés de la Fondation nationale indigène ont protesté contre la disparition du journaliste britannique Dom Phillips et du spécialiste brésilien des affaires indigènes Bruno Pereira.

    INTERNATIONAL - Des restes humaines découverts dans la forêt amazonienne pourraient être ceux de Dom Phillips et Bruno Pereira, respectivement journaliste et anthropologue, portés disparus depuis dimanche 5 juin dans la jungle. Même si la prudence reste de mise à ce stade.

    Ce lundi 13 juin, le président brésilien, Jair Bolsonaro , a indiqué que des restes humains “flottant sur le fleuve” avaient été retrouvés au cours des recherches, menées depuis huit jours pour retrouver le journaliste et l’expert indigéniste disparus dans les alentours d’Atalaia do Norte, en bordure de la frontière avec le Pérou et la Colombie.

    “Tout porte à croire qu’on leur a fait du mal, des viscères humains ont été retrouvés flottant sur le fleuve et amenés à Brasilia pour identifier l’ADN”, a révélé le chef de l’État lors d’un entretien à la radio CBN.

    La police dément la découverte de corps

    Peu de temps avant, la famille du journaliste britannique avait pourtant annoncé la découverte de deux corps encore non identifiés, mais appartenant très probablement au duo parti en reportage, pour la préparation d’un livre sur la protection de l’environnement en Amazonie , dans cette région du nord-ouest brésilien.

    Le beau-frère du journaliste porté disparu a indiqué au Guardian que l’ambassadeur du Brésil les avait informés que deux corps avaient été retrouvés “dans la forêt tropicale, qu’ils étaient attachés à un arbre et qu’ils n’avaient pas encore été identifiés”. La femme du journaliste britannique, Alessandra Sampaio, a également confirmé la découverte de deux corps au journal brésilien Globo .

    Cependant de nombreux doutes persistent et les informations se contredisent. Ce lundi, la police fédérale du Brésil, aidée dans ses recherches par des groupes autochtones, dément toute découverte de corps, comme elle l’a fait savoir dans un communiqué. Les autorités se contentent d’évoquer du “matériel biologique” en cours d’analyse.

    Sur les traces du duo, porté disparu dans la jungle

    Un rebondissement macabre qui survient alors que plusieurs objets appartenant aux deux hommes avaient été retrouvés la veille. “Une carte de santé, un pantalon noir, une sandale noire et une paire de bottes appartenant à Bruno Pereira, et une paire de bottes et un sac à dos appartenant à Dom Phillips et contenant des vêtements personnels”, évoquait alors la police fédérale de l’Etat d’Amazonas, dans un communiqué.

    Tous ces objets ont été retrouvés “près de la maison” d’Amarildo Costa de Oliveira, le seul individu arrêté pour l’heure, dans cette affaire qui agite le Brésil et le Royaume-Uni depuis plus d’une semaine maintenant.

    Ce pêcheur de 41 ans, “suspecté” par les autorités brésiliennes d’être lié à la disparition du binôme, avait été aperçu par plusieurs témoins alors qu’il passait à toute vitesse dans un bateau allant dans la même direction que le journaliste et l’indigéniste. L’homme a été placé en détention et des traces de sang retrouvées sur son bateau doivent encore être analysées à ce stade.

    Affaire sensible, sur fond de protection de l’Amazonie

    Les recherches se poursuivent comme l’a indiqué Jair Bolsonaro, même si cette région du Brésil est loin d’être la plus facile d’accès. Surtout qu’elle est décrite comme le carrefour entre le territoire de préservation des richesses naturelles exceptionnelles de la forêt, le lieu de protection des indigènes et la zone sur laquelle trafic de drogue et pillage de la forêt amazonienne s’accumulent depuis de nombreuses années.

    D’ailleurs, le caractère très spécifique de cette affaire de disparition mystérieuse, additionné au sujet de la venue des deux hommes dans cette région reculée du monde, pousse le quotidien brésilien O Globo à parler de l’affaire comme d’“un chapitre du débat international sur l’Amazonie”.

    À ce titre, des rassemblements organisés par les familles des deux hommes et par des employés de la Fondation nationale indigène ont eu lieu depuis le 5 juin pour protester contre leur disparition. Bruno Pereira aurait déjà été menacé à plusieurs reprises pour son travail de protection des tribus locales dont le territoire est petit à petit détruit dans cette zone du Brésil, devenue un terrain fertile de criminalité -sous les yeux des autorités- au grand dam des indigènes, derniers remparts de protection de la forêt amazonienne.

    Âgé de 57 ans, Dom Philipps est collaborateur pour le journal britannique The Guardian . Avec son acolyte Bruno Pereira, expert brésilien de 41 ans auprès de l’agence gouvernementale brésilienne pour les affaires indigènes (Funai), ils avaient décidé de se rendre dans cette zone du Brésil pour réaliser des interviews dans la région de la vallée de Javarí.

    À voir également sur Le HuffPost: Au Brésil, de gigantesques incendies ravagent la forêt amazonienne

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      Au Brésil, du porno affiché sur des écrans piratés de l'aéroport de Rio de Janeiro

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 29 May, 2022 - 13:21 · 1 minute

    Du porno affiché sur des écrans piratés de l'aéroport de Rio de Janeiro au Brésil (Photo d'illustration prise a l'aéroport de Rio de Janeiro en décembre 2021 par Fabio Teixeira/Anadolu Agency via Getty Images) Du porno affiché sur des écrans piratés de l'aéroport de Rio de Janeiro au Brésil (Photo d'illustration prise a l'aéroport de Rio de Janeiro en décembre 2021 par Fabio Teixeira/Anadolu Agency via Getty Images)

    INTERNATIONAL - Les passagers en attente d’un vol à l’aéroport Santos Dumont de Rio de Janeiro, au Brésil , ont été sortis de leur torpeur vendredi 27 mai, quand des vidéos pornographiques sont soudainement apparues sur des écrans publicitaires.

    L’information de ce piratage a vite circulé sur les réseaux sociaux, avec des photos prises par des voyageurs montrant des images de sexe explicite sur des écrans. “On dirait que beaucoup de gens ont raté leur vol aujourd’hui”, a blagué un internaute. “Bienvenue à l’aéroporn Santos Dumont”, a tweeté un autre.

    La compagnie publique Infraero, qui gère l’aéroport, a expliqué que le piratage concernait des écrans publicitaires, et non les écrans diffusant des informations sur les vols, qui sont sous la responsabilité d’une autre entreprise.

    “Imaginez les gens qui voyagent avec des enfants?”

    “Infraero a pris les mesures appropriées et a porté plainte auprès de la police fédérale”, a annoncé la compagnie dans un communiqué. “Les écrans en question vont rester éteints jusqu’à ce que l’entreprise responsable puisse garantir leur sûreté”, a-t-elle précisé.

    Si la plupart des internautes ont trouvé l’incident cocasse, d’autres étaient choqués .

    “Quel manque de respect! Imaginez les gens qui voyagent avec des enfants?”, pestait l’un d’entre eux.

    À voir également sur Le HuffPost: Une boutique Jacquie & Michel à Paris visée par une manif anti-porno