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      Greta a ressuscité Einstein, par Jean-Paul Oury

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 20 November, 2022 - 04:15 · 4 minutes

    L’écologisme comme idéologie illibérale avait trouvé son égérie avec Greta Thunberg , mais il semblerait, autant par commodité que par opportunité, que sa rhétorique ait glissé de l’antiscience au scientisme le plus étroit.

    Pour Jean-Paul Oury , qui signe un essai au titre évocateur Greta a ressuscité Einstein , c’est désormais au nom du « progrès scientifique » bien compris que les écolos cherchent à imposer leur vision du monde à l’ensemble de la population.

    La « science » comme idéologie

    La « science » dont se réclame Greta n’a pas grand-chose à voir avec l’ensemble des pratiques ordinaires des labos et des centres de recherches. Il s’agit plutôt d’un instrument politique, d’un élément de langage aux mains de ses thuriféraires pour imposer un certain nombre de politiques publiques délivrées comme autant de vérités révélées, indiscutables par le commun des mortels, entendez, ceux qui n’appartiennent pas aux classes dirigeantes technocratiques.

    Aux mains des technocrates, l’idéologie de la science dont se prévaut l’écologisme devient un système de domination imposant ses règles et s’opposant clairement aux institutions libérales et démocratiques.

    Une fois instrumentalisée politiquement, « la science » se fait la servante de plusieurs régimes politiques possibles poussés par les nouveaux militants écolo : la climatocratie, la covidocratie, la biodiversitocratie, la collapsocratie et l’algorithmocratie.

    La climatocratie se sert du réchauffement climatique bien réel pour installer la peur, étendre la sphère gouvernementale et produire des interdits. Le style catastrophiste qui en véhicule le message ne supporte aucune critique, aucun dissident et aucun pas de côté. Au nom du « consensus scientifique » sur le sujet, le pouvoir politique l’impose comme vérité révélée abolissant toutes les limites et les normes qui autrefois définissaient le gouvernement représentatif classique.

    La covidocratie repose sur les mêmes ressorts : s’appuyer sur une pandémie bien réelle pour ensuite consacrer politiquement un groupe d’experts devenu collège sacré et dont les décisions valent paroles d’Évangile pour initier des politiques publiques exceptionnelles.

    Jean-Paul Oury revient avec précision sur la manière dont le docteur Fauci aux États-Unis a assis son autorité scientifique à force de combines politiques, comme la polémique « Raoult » qui aurait dû rester une querelle entre spécialistes mais est devenue politique sous la pression confiscatoire des technocrates. L’idéologisation de la médecine qui en a résulté a considérablement atteint la confiance accordée aux praticiens par leurs patients.

    C’est aussi le catastrophisme écologique qui motive les tenants de la biodiversitocratie. Ce qui menace l’humanité, c’est la fameuse sixième extinction supposée se dérouler devant nos yeux, sous le regard imperturbable des dirigeants accusés d’immobilisme. Pour remédier à la fin de l’humanité annoncée, tous les moyens sont bons et certains de ses idéologues sont même prêts à défendre la dictature de salut public. Si la fin de l’Histoire est réelle, tous les coups sont permis, même l’anéantissement de la démocratie et des libertés individuelles.

    L’idéologie sous couvert de science

    Mais « la science » n’est pas seulement instrument de la nouvelle écologie politique. Jean-Paul Oury rappelle que la politique peut également maquiller l’idéologie en science quand cela lui convient, comme c’est le cas pour la collapsologie et l’algorithmocratie.

    Dans le premier cas, « la science de l’effondrement » est une construction problématique qui ne correspond à rien de connu en pratique :

    « (…) Au lieu de compiler les données et de tirer des statistiques sans aucun présupposé, ils ont posé une hypothèse a priori qui est celle que « la civilisation occidentale nous menait à notre perte » et on voit bien dans leurs exposés successifs qu’ils font une sorte de cherry picking de toutes les données qui corroborent leur hypothèse de départ sans tenir compte de celles qui pourraient l’infirmer. »

    Comme la collapsologie, l’algorithmocratie détourne la science au profit de la politique, cette fois en s’appuyant sur la planification technologique. Il s’agit ici de mettre les nouvelles technologies au service de la reprogrammation des comportements humains. À l’heure où certains évoquent avec gourmandise la possibilité d’adopter un permis carbone , le propos est à la fois clairvoyant et glaçant.

    Il est ici difficile de rendre compte en quelques lignes de la richesse de l’essai comme de la volonté constante de son auteur d’exposer et de déconstruire avec minutie les diktats du nouveau scientisme écologiste. Jean-Paul Oury s’attaque à l’instrumentalisation des sciences mais bien évidemment il ne condamne pas la science. C’est au nom du progrès et de la philosophie des Lumières que le directeur de publication de l’excellent site The European Scientist prend la plume et défend l’intégrité de sa pratique contre sa récupération par ses ennemis d’aujourd’hui. L’éclairage global donné sur les menaces qui planent aujourd’hui sur la démocratie par les différentes versions scientistes de la technocratie mérite une lecture attentive. À mettre entre toutes les mains !

    Jean-Paul Oury, Greta a ressuscité Einstein , VA éditions, 2022.

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      Sobriété : la normalisation du déclin

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 15 November, 2022 - 03:35 · 4 minutes

    Sobriété, sobriété, sobriété : les médias, les amuseurs publics et les éditorialistes se réapproprient les mots du pouvoir politique sans trop se poser de questions. C’est d’ailleurs parce qu’ils ne se posent pas trop de questions qu’ils sont utiles à la classe technocratique, sans quoi le public pourrait s’interroger sérieusement sur l’intérêt de revenir à un modèle préindustriel disparu depuis le XVIII e siècle.

    Parler de « normalisation » ici signifie essentiellement chercher à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Un pays en voie de désindustrialisation qui est passé de pays exportateur d’énergie à importateur, qui a laissé mourir son secteur agricole par paresse, qui voit ses services publics se nécroser par la bureaucratie et la démagogie électorale, qui s’est construit une cage de fer en termes de réglementations écologiques faisant fuir investisseurs, entreprises et propriétaires, sous la plume des technocrates et des bureaucrates qui profitent d’une telle situation, un pays en transition vers la « sobriété ».

    Normaliser, c’est euphémiser le déclin pour continuer à vivre dessus sans avoir à faire quelque chose pour l’enrayer.

    La sobriété comme régression

    Seulement, revenir à une économie agraire envisagée comme « normalisation » signifie une régression sans précédent. Contentons-nous de rappeler qu’à la première révolution agricole qui correspond à la révolution néolithique, répond une seconde, capitaliste, qui a changé radicalement les modes de production à partir du XVIII e siècle. Comme le rappelle Joyce Appleby dans Capitalisme : histoire d’une révolution permanente (2016), l’invention de nouvelles techniques dans le domaine agricole pour produire plus avec moins de ressources n’a pas seulement donné un coup d’accélérateur économique, elle a libéré l’Homme des servitudes de la société prémoderne.

    L’intégralité de l’ordre social, statique et inégalitaire était autant paralysée que constituée par la crainte des famines et des mauvaises récoltes endémiques à l’économie naturelle. En permettant de produire plus avec moins de personnes, en créant des marchés là où les économies vivaient en autarcie, le capitalisme a réorienté les activités en dehors du champ de l’agriculture de survie. La division du travail s’est raffinée et le pluralisme économique des sociétés occidentales est né. En d’autres termes, la révolution capitaliste agricole a dynamité les vestiges du féodalisme et le bavardage réactionnaire sur la sobriété vise essentiellement à revenir sur cette étape essentielle.

    La politique de la nostalgie

    Revenir à un modèle agraire c’est accepter d’une part la neutralisation économique, politique et culturelle de la France au profit de ses concurrents, et d’autre part son statut de colonie numérique, énergétique, culturelle et politique. Les États-Unis, la Chine ou l’Allemagne ont tout intérêt à transformer la France en patelin rural. À eux les ordinateurs quantiques et la conquête de Mars , à nous les fromages et les porte-clefs en forme de tour Eiffel. Et la classe bureaucratique continuera, à l’orchestre, de jouer la petite musique de la « sobriété », cette pauvreté que nous aurons choisie. Ou plutôt qu’ils auront choisi pour nous.

    Car en effet la rhétorique de la sobriété, qui répond à celle de la peur climatique, énergétique et il y a encore peu sanitaire, vise essentiellement à dissimuler « the elephant in the room » : les responsables politiques de notre déclin sont encore au pouvoir, ils n’ont jamais cessé de l’être et désormais ils prétendent même manager le déclassement qu’ils ont encouragé depuis plus de 30 ans. La tertiarisation de l’économie française, et donc la désindustralisation, est une idée qui vient de la tête de nos énarques et de nos polytechniciens, comme la dénucléarisation , la transition énergétique, la glaciation du marché du travail par les 35 heures ou encore l’incapacité à transformer notre secteur agricole en atout pour le pays. Seulement, aujourd’hui, vous êtes priés de ne plus parler de déclin ou d’appauvrissement, mais de « sobriété volontaire ».

    Les communicants publics ne remercieront jamais assez les officines de l’ultragauche primitiviste pour tout le lexique qu’ils se sont réappropriés pour dominer.

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      Nicolas Hulot ou la nature du vide

      Gérard-Michel Thermeau · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 10 May, 2020 - 02:35 · 11 minutes

    Par Gérard-Michel Thermeau.

    La nature a horreur du vide et pourtant Nicolas Hulot prouve le contraire. Et même brillamment en alignant 100 principes que plein de monde a signé à quatre mains mais que personne n’a lu. Enfin, si, moi. Je n’avais jamais lu du Nicolas Hulot.

    Mais, réflexion faite, je n’ai pas signé. Ce texte mérite pourtant de figurer aux côtés des adages immortels du président Mao. Je suggère un petit livre vert à destination de la jeunesse format Kindle. Ainsi tous pourraient brandir leur téléphone « durable » pour opérer la « révolution culturelle » si nécessaire aux yeux de notre futur Guide suprême.

    Pour Nicolas Hulot, le temps est venu. Et il était temps, croyez-le.

    Le temps est donc venu mais pourquoi ?

    Hé bien pour poser les premières pierres. Depuis des millénaires, nul n’y avait songé. Il faut bien commencer par poser les premières pierres. Voilà un bon début.

    Bon, ensuite ? « transcender la peur en espoir ». Voilà, vous aviez peur mais rassurez-vous papa Nicolas est là pour vous montrer la voie.

    Vous vous doutez de la troisième étape : une « nouvelle façon de penser » . Cela tombe bien, nul n’y avait encore pensé. C’est vrai, jusqu’à présent, l’histoire n’avait connu que d’anciennes façons de penser. Rien que cela, vouloir une « nouvelle façon de penser » c’est phénoménal quand on y songe.

    Et pour « penser nouveau » , il faut quoi, ben, de la « lucidité » voyons. Dans ce monde d’aveugles, un voyant est nécessaire.

    Que nous donne la lucidité ? Un « horizon commun » . Cela aussi, c’est magnifique. Un horizon pour tous et, bien sûr, le même pour tous .

    Le temps est venu d’aligner des phrases creuses

    On va cesser de sacrifier le futur au présent. Le présent d’abord à quoi sert-il ? D’ailleurs le temps de l’écrire, il est déjà passé. Seul le futur compte.

    Pour un peu, j’allais céder à la fatalité. Mais non, « résistons à la fatalité » . La mort n’est pas fatale, la connerie non plus.

    Le temps est surtout venu « de ne plus se mentir » . Voilà prévenus ceux qui ont signé pour le cas improbable où leur mode de vie serait en légère contradiction avec leurs convictions publiques.

    Le temps est venu de « réanimer » notre humanité. C’est vrai quoi, on n’est pas des machines !

    D’où la « résilience » : mais là c’est un mot trop compliqué, donc je laisse de côté.

    Le temps est venu de créer du lien pour tous nous lier

    Il faut prendre soin de notre pauvre petite planète. Pensez-donc si fragile, incapable de supporter un petit coup de chaud. Elle se sent tellement mieux pendant les âges glaciaires.

    Il faut « traiter les racines des crises » . Et de préférence sans pesticides.

    Car tout est là, la crise est la « crise de l’excès » : excès de suffisance, excès d’incompétence, excès d’hypocrisie, bon je n’insiste pas mais, comme vous le savez, notre ami Nicolas Hulot est expert dans tous ces domaines.

    Il faut « créer du lien » . C’est vrai, zut, on n’y avait pas pensé. On croyait qu’on avait des parents, des amis, des réseaux et tout ça, quoi. Mais non, pas du tout, ce n’était pas du lien, en tout cas pas assez solide pour nous ligoter.

    Le temps est venu d’applaudir

    Il faut miser sur « l’entraide » . Tiens, j’attendais plutôt solidarité, cela fait entendre plus clairement les douces sonorités de la taxation généralisée.

    Il faut « applaudir la vie » . J’imagine la scène comme dans un rêve : tous les soirs, à 20 heures, applaudissement obligatoire sur son balcon (pour ceux qui ont un balcon).

    Il faut « honorer la beauté du monde » : en hélicoptère de préférence c’est plus beau vu du ciel.

    Voilà qui nous rappelle que « la vie ne tient qu’à un fil » . Moi, je l’aurais mis juste après « créer du lien » , histoire de rappeler que les deux seules certitudes de l’existence sont la mort et les impôts.

    Le temps est venu de nous réconcilier avec les punaises de lit

    Il faut « nous réconcilier avec la nature » : c’est vrai quoi, si on l’embêtait pas tout le temps, elle nous refilerait pas tous ses microbes.

    Et bien sûr, il est temps de « respecter la diversité et l’intégrité du vivant » : là, j’ai une pensée spéciale pour les punaises de lit, si vous m’entendez les poulettes, prochain objectif : la maison du P’tit Nicolas.

    Il faut laisser « de l’espace au monde sauvage » : tiens, c’est une idée cela, si on créait des réserves naturelles ?

    Il faut traiter les animaux « en respectant leurs intérêts » : vous avez entendu, les punaises ?

    Le temps est venu mais il passe très lentement

    Il faut reconnaître « l’humanité plurielle » c’est beau mais c’est singulier, non ?

    D’où la nécessité d’ « écouter les peuples premiers » : il n’y a pas de raison qu’ils soient les derniers à dire des conneries.

    Car et je vous le donne en mille, « le temps est venu de cultiver la différence. » Avis à Hollywood, car c’est vrai que cela manque beaucoup dans le cinéma d’aujourd’hui.

    Alors là, je me dis que je n’en suis qu’à la 27 e marche de l’escalier qui en compte cent. Fouilla, comme on dit à Saint-Étienne, on n’est pas rendu à lire ce tissu de…

    Le temps est venu de passer la marche arrière

    Voyons que reste-t-il ? Vulnérabilité, apprendre de nos erreurs, nos faiblesses et nos vertus…on se croirait à un cours de morale de la IIIe république.

    Ah…plus sérieux : changer de paradigme, opérer la mue d’un système périmé, redéfinir fins et moyens et bien sur « redonner du sens au progrès ».

    Cela au moins c’est clair. Il faut changer le sens du progrès : il allait de l’avant, maintenant ce sera marche arrière.

    « Le temps est venu de s’émanciper des dogmes » : sauf évidemment ceux de l’Église écologique, apocalyptique et hulotienne.

    « Le temps est venu de l’intelligence collective » : tiens donc, je le croyais ennemi du marché, comme quoi.

    Le temps est venu de séparer les bons des méchants

    Il rejette la méchante mondialisation, dérégulée et fondée sur le profit. Il annonce une nouvelle mondialisation qui partage, qui coopère et qui donne aux plus faibles. Je sens mon vieux Karl qui murmure : « à chacun selon… » ; non, non rendors-toi vieille barbe.

    Bien sûr, il faut préférer le « juste échange » au « libre échange » : tiens, il faudra que j’en parle à mon boulanger. À mon avis, nous ne donnerons pas le même sens au juste échange.

    C’est très simple, il faut « globaliser ce qui est vertueux » et « déglobaliser ce qui est néfaste » . Il fallait y penser. Colomb peut toujours la ramener avec son œuf.

    Et qu’est-ce qui plane au-dessus de tout cela ? La « solidarité universelle » : les Chinois, désormais, on ne vous achète plus rien car c’est néfaste, c’est-t-y pas beau la solidarité ?

    Vous l’aurez compris, l’économie selon Nicolas Hulot se résume à « redistribuer à chacun » ; non Karl, rendors-toi je t’en prie.

    « Le temps est venu de s’inspirer des citoyens » : cela tombe bien, M’sieur Hulot, je pense pas comme vous. Ah bon, je dois fermer ma gueule ?

    Le temps est venu de combler les inégalités

    « Le temps est venu d’appliquer le principe de précaution » : si je l’avais appliqué, je ne serais pas là à me casser les pieds à lire ce texte jusqu’au bout.

    Il faut « graver dans le droit (le marbre c’est pas assez écolo) les principes d’une politique écologique, sociale et civilisationnelle » : tiens, je croyais que l’on devait s’émanciper des dogmes. Mais j’aime beaucoup « civilisationnelle ». C ela ne veut rien dire mais c’est joli. C’est vrai que « barbarationnelle » eut été fâcheux.

    Faisons mentir le « déterminisme social » : parfaitement d’accord. J’en ai ma claque de lire les propositions débiles des descendants de créateurs de jardins, d’industriels et d’architectes. Place aux enfants d’ouvriers, et cela tombe bien : c’est mon cas. Quitte à écrire des bêtises….

    Comblons « les inégalités du destin » : j’en reste bouche bée. Vous soufriez d’être de petite taille, victime du destin. À l’avenir, plus de grands, plus de petits. Tous à la même taille.

    D’un autre côté, ce sera plus pratique pour la confection.

    « Le temps est venu de l’égalité absolue entre les femmes et les hommes » : alors là, je proteste. Et les personnes qui refusent de choisir, ne voulant être ni homme ni femme ? Elles ne sont peut-être pas égales ? Et ce Nicolas prétend faire de l’inclusion.

    Le temps est venu d’en finir avec les Pompes funèbres

    « Le temps est venu de tendre la main aux humbles et aux invisibles » : c’est bien, Nicolas, d’avoir découvert leur existence.

    « Le temps est venu d’exprimer plus qu’une juste gratitude à celles et ceux, souvent étrangers, qui dans nos pays… exécutent des tâches ingrates » : c’est pas inutile à rappeler à tous les braves people , qui signent les pétitions, quand ils croiseront, par hasard, leur personnel de service.

    Mais suis-je bête, les gens qui signent ne lisent jamais les textes qu’ils approuvent.

    Le temps est venu de valoriser les métiers qui permettent la vie : les Pompes funèbres, tant pis pour vous.

    Le temps est venu de jeter l’argent par les fenêtres

    Le travail qui épanouit, l’avènement de l’économie sociale « et solidaire » : « À chacun… » Non, Karl, ça suffit, j’ai dit.

    Et surtout il faut « exonérer les services publics de la loi du rendement » : n’aie pas trop d’inquiétude Nicolas, c’est déjà le cas. S’il fallait économiser l’argent du contribuable où irions-nous, je te le demande ?

    On va relocaliser des pans entiers de notre économie. Pile comme au bon vieux temps. On vivait si bien au bon vieux temps. Bon ça va être dur avec les objectifs écolo et tout car on a délocalisé notamment ce qui pollue. C’est ballot, hein ?

    Il faut investir « vers l’utile et non le nuisible » : les vendeurs d’arsenic sont donc prévenus.

    Le temps est venu d’éduquer nos enfants « à l’être, au civisme et au vivre ensemble et de leur apprendre à habiter la Terre » . C’est vrai que, jusque là, l’école les éduquait au non-être, à l’incivisme, à la haine collective et leur apprenait à habiter la Lune.

    Le temps est venu d’expier nos péchés

    Le reste ? Le reste est in-ter-mi-na-ble.

    Ce qui blesse c’est pas bien, ce qui soigne c’est bien. Bravo, Nicolas, tu auras un bon point.

    La sobriété c’est top. Il faut vivre plus simplement, n’avoir que des désirs simples (en voilà un qui ne sait pas ce qu’est le désir), se limiter à l’essentiel et surtout, surtout, pas de superflu. Qu’est-ce que le superflu, Nicolas ? Avoir trois maisons ? Excuse-moi de faire mon Ponce Pilate mais là, vraiment…

    Plus d’addiction consumériste, il faut ralentir (au vu des limitations de vitesse, on va finir par étouffer le moteur) et voyagez près de chez nous (de préférence dans un rayon de 100 km). Nous voilà prévenus : la vie ascétique nous attend, le confinement nous ayant finement préparé à une existence monacale.

    Grosso modo, il faut « renoncer à ce qui compromet l’avenir » .

    Mais nous autres, pauvres andouilles, nous sommes victimes de « nos conditionnements mentaux et collectifs ».

    Il faut « lier notre je au nous » : et malheur à ceux dont le je ne plairait pas aux nous . Car le temps est venu de « l’unité ».

    Le temps est venu d’en finir avec cette litanie interminable

    Dévalons rapidement les dernières marches.

    Il faut « croire en l’autre » : mais uniquement si l’autre parle comme Nicolas Hulot.

    « Le temps est venu de l’humilité » : toute sa déclaration en témoigne, vous en conviendrez.

    Suivent les habituels blablas sur la « bienveillance » , la « dignité pour tous » , et contre le « racisme » (tiens, je croyais l’humanité plurielle ?).

    Le brave Nicolas Hulot veut combler le vide entre nos mots et nos actes. Nos mots et nos actes. Que les choses soient claires : pas entre ses mots et ses actes.

    Le temps est donc venu de l’engagement et bien sûr, « un autre monde est possible » , on l’attendait celle-là mais peut-être pas dans un « élan effréné » : cela va être difficilement compatible avec le n° 72 : « le temps est venu de ralentir » .

    Voilà, voilà, vous saurez tout sur le « lobby des consciences ».

    Sachez-le.

    Le temps est venu.

    Et Nicolas Hulot est son prophète.

    Amen.

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      Conférence P. Servigne / Un avenir sans pétrole?

      Timothée Jaussoin · Friday, 6 September, 2019 - 21:36 edit

    Conférence P. Servigne / Un avenir sans pétrole?

    Le collapsologue Pablo Servigne (chercheur indépendant, auteur et conférencier) a présenté le le fruit de ses recherches gravitant autour du questionnement de notre mode de vie basé sur l’utilisation des énergies fossiles.

    Une superbe #conference sur l'avenir post-pétrole. #collapsologie #agriculture #futur #petrole